Né en 1974 à Menton.
Vit et travaille à Nice.
Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de la villa Arson de Nice, Gérald Panighi travaille sur papier en juxtaposant textes et image, entre idées furtives, anecdotes ou pensées comme jetées sur le papier. Associant image fortement référencée, faussement négligée et texte détourné, qui met en scène des situations du quotidien, le décalage entre les deux traduit l’humour de l’artiste. Bien que celui-ci soit noire voir abrupte, il met l’accent sur nos imperfections et notre humanité et nous renvoie à notre propre vision de nous-même par le prisme de sa réflexion.
L’artiste cultive le détail et en fait le sujet principal de ses œuvres, le trait perdu dans le vide devient fragment absurde, qui mêle le familier à l’incongru et fait jaillir une inquiétante étrangeté. Ses dessins sont les témoins de leur réalisation et portent sa trace : taches, auréoles, marques de mains ou de coudes mettent en valeur la délicatesse du papier mais aussi sa fragilité. La surface de la feuille, froissée, gondolée et accidentée, garde les cicatrices de travail plastique, comme des marques du temps.
« Bien sûr en voyant pour la première fois les petites vignettes de Gérald Panighi envahissant tout un mur avec une certaine désinvolture comme s’il ne s’agissait que de banals Post-It, mon regard s’est égaré sur cette atomisation étourdissante. C’est qu’il y a à voir et à lire dans l’oeuvre de Gérald. Immédiatement, mais c’est certainement un peu idiot, je me suis dit qu’il avait dû se repaître de pas mal de Strange comme beaucoup de garçons de sa génération et peut être même tomber dans son enfance sur des numéros traumatisants de “Détective” dans lesquels les coups portés, en dépit de l’hyper-expressivité des individus dessinés par Angelo Di Marco, ne génèrent pas que des onomatopées. A cette époque lointaine de sa vie, il est peut-être aussi demeuré assez perplexe devant le « Ceci n’est pas une pipe » de Magritte, une anti-tautologie si séduisante, après tout… Si la représentation n’est pas le réel, la dissociation conjuguée sur le mode cher aux surréalistes possède un charme encore plus abscons. Rien de plus énigmatiquement ensorcelant que ce dysfonctionnement assumé de l’image. On l’a apprécié chez Magritte comme on l’a vénéré dans les années 80, dans le monde plus trivial de l’illustration chez Glenn Baxter… L’absurde est la réponse occlusive à toutes les spéculations dérisoires et c’est bien précisément cela qui parvient à être délicieusement jouissif sans jamais suinter la moindre prétention dans les créations de Gérald Panighi. »
Michèle Goarant, 2011