Clémentine MÉLOIS
De deux choses l'une
8 février - 24 mars 2018
“De deux choses l’une” est la première exposition personnelle de Clémentine Mélois à la galerie Lara Vincy, suit la préface au catalogue édité à cette occasion :
Cette préface pastiche une préface potentielle d’un catalogue de Clémentine Mélois. C’est ce qu’on appelle une mise en abyme, inutile coquetterie orthographique pour lequel le correcteur sans pitié propose « mise en abimé ».
Dans le tableau Les Époux Arnolfini par Jan Van Eyck, si l’on regarde le petit miroir rond suspendu sur le mur du fond, on peut découvrir toute la pièce avec les époux vus de dos et le peintre lui-même. Sans ce détail, on parlerait moins de l’huile sur bois du primitif flamand. Si Clémentine Mélois s’était attaquée à cette oeuvre, c’est sur ce point de pivotement, sans doute, qu’elle aurait installé le décalage qui fait l’essence de son art : une robe ouverte jusqu’aux fesses à la Mireille Darc dans Le Grand Blond avec une chaussure noire pour Madame Arnolfini (les connaisseurs se souviendront), un poisson d’avril accroché dans le dos pour Monsieur Arnolfini, la liste des possibles est sans fin.
Ce qu’exige toute l’oeuvre de Clémentine Mélois, c’est que l’on ait passé le code avec succès. Que l’on accepte certes de faire bouger son regard, mais un regard déjà éduqué, déjà complice. Ce sont les regardeurs qui font les tableaux, disait Marcel Duchamp justement. Ce sont aussi eux qui peuvent les refaire, ajoute Clémentine. Aux ready-made de l’oulipien, qui questionnent la réception de l’oeuvre d’art avec ironie, répondent les steady moved de l’oulipienne, qui proposent un déplacement de cette réception vers un autre équilibre, autrement précaire, et précaire autrement.
On n’en sort pas. Et c’est très bien.
Je ne crois pas pouvoir dire mieux sans le soutien d’une drogue dure.
Hervé Le Tellier
Clémentine Mélois
Née en 1980.
Vit et travaille à Nantes/F.
Diplomée des beaux-arts de Paris, membre de l’Oulipo, auteur d’un recueil de pastiches de classiques de la littérature (Cent titres, Éditions Grasset, 2014), d’un roman inspiré de sa collection de listes de commissions (Sinon j’oublie, Éditions Grasset, 2017) et d’un traité de nihilisme pour la jeunesse (Jean-Loup fait des trucs, Éditions Les Fourmis rouges, 2015), elle est aussi l’une des « Papous » de France Culture et contribue aux revues Mon Lapin Quotidien (L’Association), Le Courage (Éditions Grasset) et feu Le Tigre.
Son travail exclusivement composé de multiples mêle culture pop et culture classique, culture web et histoire de l’art, dans un jeu sur les codes de la photographie et de l’édition.