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Galerie d'art contemporain

Aurèle


SIT DOWN - Aurèle LosDog ou l'art d'être là.


12 septembre — 25 octobre 2025


Vue de l'exposition
Aurèle
Vue de l'exposition, 2025.
Vue de l'exposition
Aurèle
Vue de l'exposition, 2025.
Vue de l'exposition
Aurèle
Vue de l'exposition, 2025.
Art Saves Life
Atelier Aurèle & Studio Frédéric Imbert
Art Saves Life, 2025.
Granit et bronze, 60 x 150 x 90 cm.
AR2 GRRR - Série SPA
Aurèle
AR2 GRRR - Série SPA, 1993.
Huile sur toile, 146 x 97 cm.
Good decision come from experience...
Aurèle
Good decision come from experience..., 2025.
Affiche et acrylique sur papier de l'Arsham de Sri Aurobindo de Pondicherry, Tamil Nadu, Inde., 93 x 68 cm.
Smile
Aurèle
Smile, 2005/2007.
Mixed media sur papier, 108 x 79 cm.
Série Je vide mes tiroirs... The Tate Gallery
Aurèle
Série Je vide mes tiroirs... The Tate Gallery, 1993/1994.
Mixed media sur papier sérigraphié, 80 x 60 cm.
LostDog
Aurèle
LostDog, 2010.
Résine, 50 x 60 x 30 cm.

Depuis près de 30 ans, Aurèle Ricard interroge le monde à travers une silhouette : celle d’un chien perdu. Un bull terrier jaune, devenu au fil du temps l’icône d’une génération en errance, saturée d’informations, d’urgences et de solitude. Une génération colonisée par les algorithmes, à bas bruit, sans barricades, ni 
résistance — seulement cette acceptation molle, caractéristique d’une civilisation en fin de cycle. Aujourd’hui, le chien s’assoit. Et dans ce simple geste, Aurèle propose un nouveau récit, une désobéissance silencieuse. 

La série SIT DOWN prolonge une œuvre déjà profondément habitée par les tensions de notre époque — tensions sociales, écologiques, affectives — en y injectant une pause nécessaire. En entrant dans l’ère terminale du capitalisme culturel, où tout doit être immédiatement compréhensible et 
consommable, la société s’est gavée, en gobant tout, comme une hostie à délitement buccal. Face à cette 
liquidation silencieuse, l’art a besoin d’un acte de sabotage poétique. Un chien assis : voilà ce que 
présente cette nouvelle série, en opposition à une société qui ne supporte plus le manque, l’attente, le trouble.

LostDog : une icône née dans la rue

Tout commence à New York, à la fin des années 1980.  Aurèle découvre une affiche : « Lost Dog. Reward. » Le point de départ d’un motif qui deviendra obsessionnel — décliné en bronze, en résine, en peinture, en installations 
monumentales. Ce chien jaune, baptisé LostDog, n’est pas un animal. Il est une métaphore mordante de notre époque où nous avons remplacé le sacré par des algorithmes d’optimisation. Ici un Dieu Money universel officie sur ses prélats, avec ses ordres, ses disciples et adorateurs. Nos cathédrales sont devenues des data centers climatisés où ronronnent des serveurs calculant nos prochains désirs. L’humain contemporain s’est transformé en gestionnaire de prompts, en producteur de contenus calibrés, façonnant son image dans le miroir narcissique des réseaux sociaux, biberonné au néolibéralisme ayant transformé l’amour et l’amitié en application de rencontre et tout le désir en pornographie industrielle. Pourtant, de Tokyo à Paris, du Centre Pompidou à l’exposition universelle de Shanghai, de la biennale de Bangkok au French May de Hong Kong, de New York à Saint-Rémy de Provence, cette icône a 
traversé les espaces comme un témoin de l’extinction du sacré. Aujourd’hui, elle s’assoit.

Sit Down : l’art du barycentre

Dans SIT DOWN, le chien ne cherche plus. Il ne court pas, ne veille pas. Il s’assied. Le regard fixe, la silhouette galbe mais calme. Une sculpture du présent qui interroge notre compréhension des choses. Un manifeste à hauteur de sol. Car « Sit Down » est une injonction bien connue — celle qu’on adresse à l’animal ou à l’enfant... Mais Aurèle inverse les rôles et nous parle à nous, dans un geste qui rappelle les expressionnistes allemands que les nazis qualifiaient de 
« dégénérés  » — Kandinsky, Grosz, Dix, Kirchner, Beckmann — qui savaient que la beauté ne naît pas de la conformité, mais de la rupture, de la déviation, du déraillement. Et si nous devions nous asseoir ? Nous poser. Nous recentrer, trouver notre barycentre, ce point d’équilibre tout en devenir, redevenir Antigone face à Créon : désobéir pour ne pas trahir.

Cette série interroge notre rapport au temps, à l’espace, au corps dans une société qui façonne et satisfait nos désirs avant même que nous les formulions. Elle réintroduit du vide : celui qu’il faut savoir habiter pour mieux 
percevoir, celui qui résiste à la marchandisation de la pensée, de la créativité, de l’âme elle-même. Impossible de ne pas 
penser aux postures sculpturales de Giacometti, aux silhouettes figées de Juan Muñoz, ou encore aux mises en scène 
méditatives de Joseph Beuys. Avec SIT DOWN, Aurèle entre dans cette tradition de l’œuvre qui ne s’explique pas, mais qui s’impose — par la force tranquille de sa présence, comme une apparition imprévisible face à l’uniformisation culturelle. La pièce centrale : un chien assis, grandeur réelle, en International Aurèle Yellow, ce jaune acide et 
solaire qui signe l’identité de l’artiste. À ses côtés, parfois, une chaise vide. L’invitation est claire : asseyez-vous. Résistez. 

Sit down : safe space mental

Dans une époque qui valorise le mouvement, la productivité, l’hyper-connexion, l’efficience et la conformité, SIT DOWN agit comme une pause salvatrice. Une sculpture à hauteur de regard, faite pour être regardée à distance égale, loin des images de propagandes commerciales. Le chien assis devient figure de l’introspection face à un monde dans lequel les forces libérales et technologiques consacrent le règne de la standardisation. Il incarne l’idée d’un luxe frugal dont la denrée s’est raréfiée : celui de prendre le temps. Creuset d’un temps perdu dans lequel germe le refus d’être un scribe servile au service de la loi marchande.

Nous sommes tous des chiens perdus
Sous le calme, SIT DOWN pose d’essentielles questions : où en sommes-nous ? Quelle place voulons-nous occuper dans cette foule d’automates quand la culture elle-même est devenue un marché soumis aux impératifs de rentabilité et de croissance ?

Et si on s’asseyait pour éclore et déboulonner la conformité interchangeable de notre époque ? La figure du chien perdu s’est imposée dans l’art d’Aurèle comme un témoin de l’Anthropocène : pollutions, conflits, solitudes et déracinements. Mais avec SIT DOWN, ce chien est plus qu’un symptôme, il devient une clef, une réponse possible, un refuge de transcendance. 

Il ne montre pas la voie. Il s’y assoit, voilà, un point c’est tout.  Il trône, à côté de nos pertes, de nos doutes, de nos mémoires, de nos oublis. Et à y regarder de près, pour déployer cette forme de sabotage — il suffirait de s’asseoir.

Arnaud Cheyssial


Aurèle
Né en 1963 à Paris.
Vit et travaille à Paris.

Son travail a fait l’objet de six expositions personnelles à la galerie Lara Vincy :

1989 S.P.A (2 février - 2 mars)
1990 Les miroirs de la modernité (19 janvier - 18 février)
1992 Aurèle & Aurèle présentent Action de terrain SidaCosyKitsch Certifié conforme/Espace conforme interchangeable 
(1er décembre 1992 - 3 janvier 1993)
2006 La vie en jaune. I.A.Y * / * International Aurèle Yellow (1er décembre 2006 - 27 janvier 2007)
2011 Chantons sous la pluie (14 octobre - 3 décembre)
2022 Be Water My Friend - Be Water My Love (19 mai - 30 juillet)

 


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