EXPOS

AURÈLE

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Le bleu du ciel va disparaître et le jaune du soleil va nous brûler


A la fin des années 50, Yves Klein voyait le monde en bleu et une époque à venir où la sensibilité règnerait en maître. Mais notre belle terre s'est asséchée sous nos demandes forcenées et le matérialisme le plus sordide domine la planète. Le monde est de moins en moins bleu et devient de plus en plus jaune.


En 1983, Tony Bouilhet me fait découvrir l'œuvre d'Yves Klein. Je fus émerveillé par l'évidence que le ciel devait être la plus belle œuvre d'art. La dimension spirituelle de l'expérience proposée par Yves Klein s'affirmait autour d'un parcours initiatique. L'artiste était un guide qui conduisait le public : du blanc vers le bleu, de l'intérieur vers l'extérieur, dans un mélange d'effacement et d'incarnation qui caractérise l'ensemble de son œuvre. Je me suis alors demandé quel artiste je voulais être, celui que j'étais déjà. Je ne pouvais pas prendre le temps de la ballade, je brûlais déjà de l'intérieur, il faudrait que tout se fasse à chaud, que ça aille vite, que j'éblouisse. Je me suis donc emparé du jaune du soleil car cette couleur, par son énergie, son évidence salutaire et destructrice, c'était moi. C'était une partie de ma personnalité d'artiste que je voulais donner aux gens, transmettre cette fabuleuse urgence qui m'animait. J'étais le porte-parole des errances de notre époque, ma vie serait un témoignage. Dès lors, je me mis en quête de trouver le moyen de conserver l'intensité lumineuse du pigment pur. Ce fût chose faite en 1989, je déposais à l'INPI le jaune Aurèle.

Depuis, le jaune n'a jamais vraiment quitté mon travail. Mais au fil des années comme l'état d'urgence s'éloignait, sa puissance conceptuelle faiblissait. Son utilisation était devenue un presque réflexe. Mais alors quelle idée devait légitimer l'utilisation du jaune dans mon travail aujourd'hui?

En 2006, je ne suis plus le jaune, je ne suis plus cette torche vivante en décalage avec un monde encore bleu. Inutile de prévenir désormais, le jaune s'est bel et bien emparé de cette époque suicidaire. « La vie en jaune » est le constat ironique d'une prise de pouvoir funeste. Le jaune est devenu l'essentiel, sur cette planète qui a trop chaud.

Cette exposition est le fruit d'une confrontation/adaptation entre le travail de cet artiste, son époque et le monde d'aujourd'hui. Mais aussi un cri de douleur, j'aurais tellement aimé que Klein eût été visionnaire?

Mais le jaune, mon jaune est resté celui de l'espoir et de la bonne humeur, une énergie pure en forme de rayon de soleil géant dont il faut profiter.


Aurèle, octobre 2006


* Internationale Aurèle Yellow