21 septembre - 27 octobre 2018
Prolongation jusqu'au samedi 24 novembre inclus
Youri Vincy présente « PEST MODERN PARTY » de Joël Hubaut, sa huitième exposition personnelle à la galerie Lara Vincy depuis 1980, y apparaitront signes épidémiques, pensées contaminantes et surprises variées en rappel des expositions antérieures que sauront reconnaître ses amateurs, et les autres…
“Cher Joël,
L'importance de ton œuvre est une évidence qui n'a pas besoin de soutien ni même de commentaires. Ton texte historique est très bien et suffit amplement. Qu'y ajouter d'autre, si ce n'est envoyer se faire foutre les critiques d'art qui aiment et ceux qui n'aiment pas ?
Je me réjouis de ta vivacité créatrice et je ne doute pas que tes œuvres ne secouent un peu la tristesse ambiante. Porte-toi bien.”
Raoul Vaneigem, août 2018
"Pest Modern" est un terme majeur que j'utilise depuis bientôt 50 ans pour situer mon activité autour du « Mixage épidémik post modern ». Mais "Pest Modern" est aussi un album réalisé avec mon fils Emmanuel (groupe les Tétines Noires, LTNO et Dead Sexy). Notre album vient de sortir fin juin 2018, pour le numérique chez "Cleopatra records", le fameux label de Los Angeles mais aussi chez "Meidosem records" pour le tirage vinyl. Emmanuel a réalisé la musique et le mixage, j'ai performé les paroles et je chante. Mon projet de solo show "PEST MODERN PARTY" à la galerie Lara Vincy est irradié par ces deux sources. Il est comme le noyau trans-historique que je réanime pour la circonstance. Je réalise évidemment quelques nouveaux travaux que je vais percoler avec de plus anciens. Pour cela, j'ai sélectionné quelques pièces de diverses époques que je réactiverai comme module d'assemblage pour de nouvelles constructions superposant les couches du temps pour tenter de convoquer une mémoire vive en redistribuant les nœuds et les plis sous de nouvelles dérives liées au contexte, avec quelques références-clins d'œil à mes expositions antérieures à la galerie. J'ai toujours appréhendé mon activité sous forme de work in progress rhizomé, sans hiérarchie des médiums, ni linéarité. J'exalte la dispersion comme un paradigme d'exigence et de rigueur. Par pliages-dépliages démultipliés, je vais poursuivre cette dérive combinatoire en réactivant les processus de transformation déjà convoqués, tel un film découpé puis remonté à nouveau pour expérimenter et partager d'autres liaisons fictionnelles, d'autres emboitements formels, prétexte à une nouvelle lecture vive encore imprévisible avant l'installation finale. On verra bien ! J'ai hâte ! J'ai souvent présenté une sculpture au centre de la galerie, d'abord en 1982, une pyramide-tipi à ma taille avec un camembert-soucoupe volante, puis un moulin à vent (1985), une machine électro-sonore (1991) ou un "Quad-sex", la quadrature pour ma dernière exposition perso en 2005, etc... Cette fois, je propose le « monument à la 47ème internationale » (L'ULTRA LAITERISME). Une projection poétique concrète, une méta construction calée, composée d’une constellation d'objets hétéroclites disposés au cordeau et au fil à plomb dans un agencement en équilibre hyper ordonné pour ériger le soclage de la stèle. Un détournement d’édification d’une unième internationale dans son utopie vaine en boucle. Griffer le futur à coup de papattes antérieures. De la grande ourse à la voie lactée, « l’ultra laiterisme Pest Modern » s’expanse, contaminant, coulant (le lait est la pierre philosophale en alchimie). Ma seconde exposition à la galerie Lara Vincy en 1982 était sous effets sémiotik autour de « La pyramide, le camembert et le rock & roll ». De Elvis Presley à Bill Haley & his Comets, tout le laitage bio-astro épidémik concernait les signes de la transformation alchimique, les changements d’état, le lait pressurisé, accéléré, baratté, changé en crème pour faire son beurre en baratinant, puis l’injection de bactéries dans la crème cool pour une mutation en fromage… Process équivalent au moulage à la louche et autre gavage inoculés par tous les pouvoirs quels qu’ils soient pour nous domestiquer coûte que coûte, nous lobotomiser… Dans la situation projetée, l’ours mal léché rêve d’être bien léché. Il va quand même tenter de se « trans-former » en vache afin que le lait ne tourne pas rond pour la liberté d’état d’exception mais son désir d’être bien léché risque de tourner à sa perte. Soyons vigilants ! Restons mal léchés pense-t-il… ! Un peu le Knut laiteux de Berlin grisé par la lèche mais résistant… Je célébrerai cet ours gris-gris mal léché le 20 septembre. Aucune photographie évidemment pour l'instant. La création de l'installation générale sera composée et scénographiée sur place. Tout est donc encore possible, probable, nounourserie à volonté ! L’artiste cette fois en montreur d’ours ! Faire des signes ! Mais pas question de vendre l’appeau avant… Bonne nuit les petits…
Joël Hubaut, juillet 2018
Joël Hubaut est né en 1947 à Amiens.
Il vit et travaille entre la Normandie et Paris.
« Quand on a de la vie et de sa dynamique vitale une vision sans pitié et sans illusion, mais une vision qui veut en même temps conserver la générosité de l’amour pour les autres, on débouche très vite sur une situation sulfureuse. Il y a comme une sorte d’atmosphère de scandale liée à l’activité de Joël Hubaut. Je pense qu’il a été prophétique ou, en tout cas, qu’il a été un élément préfigurateur du chaos post-moderne dans lequel nous vivons. »
Pierre Restany, 1994, in Re-Mix épidémik - Esthétique de la dispersion, éd. Les presses du réel, Dijon/F & Frac Basse-Normandie, Caen/F
Il est un précurseur du mixage, une figure et une force excentrique dans le paysage de l’art contemporain. Il développe une oeuvre hybride, fictionnelle et transversale par la multiplicité des supports et la variétés des actions en se livrant à d’incessantes et intempestives relectures de l’histoire de l’art. Réalisant surtout des sculptures de détournement et des dessins délicats autour des architectures utopiques et du corps mutant, il est paradoxalement d’abord connu pour ses performances/installations plutôt rock’n roll, ses textes poétiques et ses auto-portraits. Depuis 1970, Joël Hubaut entend critiquer un ordre moral fondé sur le nivellement, la manipulation des comportements et le contrôle des individus, il place la contamination au centre de sa réflexion sur l’art et la société. Avec une grande liberté et beaucoup de dérision, il établit d’improbables liens subliminaux par un jeu de tensions entre les correspondances contextuelles et les non-coïncidences pour engendrer des mutations saisissantes à la fois sensibles et provocantes. Il actionne et pulvérise les concepts et idéologies dans un va et vient absurde, orgiaque et rhyzomique. Qu’il s’attaque à la figure du lapin, des drapeaux, des saucisses, des pyramides, du langage ou bien encore des couleurs, le travail de Joël Hubaut est placé sous le signe de la dérive « épidémik » et du « Mix Pest Modern ». Il faut voir les expositions de Joël Hubaut : c’est en situation que sa générosité et son humour ravageur rayonnent le mieux.
Fondateur de l’espace alternatif Nouveau Mixage à Caen (1978/1985), créateur des éditions de la CREM en 1987 (Conceptuelle rapide et maximale) et de la revue sonore « Fractal Musik » sur cd audio, produite par la Station Mir, il a créé et animé durant plusieurs années les rencontres « Hiatus » au Frac Basse-Normandie, (cabaret-café littéraire), il est créateur de nombreuses actions expérimentales et organisateur d’évènements multi-média, show, concerts, banquets gastrosophiques, workshops, manoeuvres, conférence-performance, etc. Il participe toujours à de nombreux festivals de poésie-action, de musique expérimentale, de rencontre vidéo et de performance dans le monde entier.
Expositions antérieures à la galerie Lara Vincy : 1980, 1982, 1983, 1984, 1985, 1991, 2005