EXPOS

PASCAL LE COQ

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La galerie Lara Vincy présente la troisième exposition personnelle de Pascal Le  Coq après celles de  2004 et 2007.

Les objets d’art ne sont jamais vraiment finis. De leur conception à leur diffusion, de leur diffusion à leur entrée possible dans l’histoire de l’art, que de transformations, que de métamorphoses ! Même dans leur destruction matérielle, ils peuvent rester dans les mémoires et devenir mythiques. Même dans leur état purement conceptuel, ils peuvent envahir le monde.

Ce constat a amené Pascal Le Coq, il y a quinze ans, à créer la revue OXO. Outre son écosystème qui lui permet d’exister à long terme (la forme de la revue s’adapte au budget constitué par les abonnements), l’ensemble de son contenu éditorial se réfère symboliquement aux changements multiples que le projet initial a rencontrés, parution après parution.

D’abord simple revue imprimée, OXO est devenu une véritable encyclopédie contenant près d’un millier d’entrées, à force d’accumulation. Certaines d’entre elles resteront de simples définitions que chaque lecteur peut activer par l’action de son imagination (on a pu en voir récemment dans le calendrier d’Art Press). D’autres se sont déployées sur la Toile ou ont été transmutées en objets d’art matériels.

Le mot “transmutation” est utilisé pour souligner le changement radical de statut et l’entrée dans le marché de l’art. La revue encyclopédique OXO, loin de se cantonner à son propre espace, se déploie en effet dans d’autres milieux pour en tirer les bénéfices qu’elle n’obtient pas intrinsèquement (elle a la liberté et la durée, la Toile lui offre l’immédiateté et le flux, le marché lui apporte le prestige et la puissance). Malgré cela, tous ces objets resteront indéfectiblement liés à l’histoire de la revue, ce que signalent sur chacun d’eux un monogramme caractéristique et une frise descriptive tracée en caractères MUTTUM.

Les objets transmutés cette année ont été choisis pour leur capacité à illustrer le thème de la métamorphose, mais aussi pour leur impact visuel issu du monde publicitaire. Avec la série de sculptures “Testostérone”, un parallèle est établi entre la transformation d’OXO et celle d’un transsexuel FTM qui assumerait totalement son état (FTM signifiant “Female To Male” aussi bien que “Fabulous Trade Mark”), comme une revue revendiquerait son statut d’œuvre d’art au même titre qu’une sculpture ou qu’un tableau.

D’autres icônes issues du monde marchand sont désacralisées ici (comme l’œuf Kinder Surprise transformé en “Gender Surprise” ou le pneu Goodyear doté de sexes en érection et de seins “pneumatiques”), avant d’être – peut-être – resacralisées par le monde de l’art.

A proximité, des objets intitulés “Work in progress” (cônes de chantier et toiles peintes) sont caractérisés par trois bandes colorées, la couleur de l’une d’entre elles étant un mélange de la couleur des deux autres, signe d’un entre-deux, d’une opération, d’un changement progressif ou radical, du passage d’un état à l’autre. Ce qui signifie : on est ici en travaux, il se passe quelque chose !

Autre exemple emblématique de ce work in progress perpétuel : la sculpture “Sequel”, reproduction d’un dispositif mis en place par Daniel Cordier aux Abattoirs de Toulouse, avec deux “sculptures” de Pascal Le Coq qu’il avait acquises auparavant à la galerie Lara Vincy et auxquelles il donnait un nouveau sens. On retrouve ici les deux objets, une “Miss Erotica” sur socle et un “Punching Ball” en suspension, des ballons retournés comme des chaussettes dont les vessies en érection opposées, l’une venant d’en haut et l’autre partant d’en bas, évoquent la coexistence du monde spirituel et du monde matériel.

Une sculpture intitulée “ Espèces d’ ” résume l'exposition. Il ne s’agit pas d’une insulte mais d’une rencontre entre le “ Tu m’ ” de Marcel Duchamp (inventaire de ses travaux précédents) et l’ “ Espèces d’espaces ” de Georges Perec (inventaire des espaces que nous traversons), deux ancêtres mythologiques qui ont eu une influence capitale sur OXO. Peint sur un socle surmonté d’une “Miss Erotica”, un schéma y décrit les quatre espaces EEEE dans lesquels OXO poursuit son développement : Esprit Ecrit Ecran Expo. L’aventure continue !

Un catalogue édité par la galerie et conçu par Pascal Le Coq est publié à l’occasion de cette exposition.

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Pascal Le Coq

Né en 1964 à Chartres/F

Vit et travaille à Pantin/F

revueoxo.blogspot.com

“La démarche de Pascal Le Coq prend sa source dans son projet de revue encyclopédique OXO : la publication apparaît comme un foyer d’où rayonnent de nombreuses propositions, capables de s’incarner sous formes de réalisations tridimensionnelles aussi bien que de se multiplier sur les pages numériques d’un blog, avant de réintégrer leur espace premier, à la fois tangible et virtuel.”

Marie Boivent, “Revues d’artistes : une introduction”, Revue 2-0-1

www.revue-2-0-1.net/index.php?/revuesdartistes/revues-dartistes/

Ce que j'écris n'était peut-être pas vrai hier et sera peut-être faux demain mais aujourd'hui j'y crois 

Par Pascal Le Coq 

(in 2.0.1 Revue de recherche sur l’art du XIXe au XXIe siècle - Dossier hors série « Revues d’artistes » - Février 2010 - Extraits)

“OXO est une revue expérimentale. En ce sens elle ne suit pas seulement un programme prédéfini mais profite de tout événement nouveau pour se développer et se transformer. C'est en quelque sorte un organisme en mutation perpétuelle. Comme tout organisme vivant OXO se caractérise d'abord par son instinct de survie. Ayant créé auparavant plusieurs revues qui ont dû s'arrêter prématurément faute de moyens, j’ai imaginé il y a quinze ans un système qui garantit son développement à long terme : le « principe de variabilité ». 

« Système inventé pour assurer la survie économique d’un projet artistique et le protéger des contraintes commerciales et financières inhérentes au marché de l’art. Le projet : la revue expérimentale OXO. Le système : la forme d’OXO (pagination, mode de fabrication et tirage) s’adapte automatiquement au budget constitué par les abonnements en cours. Zéro abonné : arrêt définitif d’OXO. De 1 à 5 : édition d’OXO à 5 exemplaires manuscrits (1 page). De 6 à 10 : édition d’OXO à 10 exemplaires peints (2 pages). De 11 à 25 : édition d’OXO à 25 exemplaires, impression numérique (4 pages). De 26 à 50 : édition d’OXO à 50 exemplaires, impression offset monochrome (8 pages) + 2 bonus. De 51 à 100 : édition d’OXO à 100 exemplaires, impression offset monochrome (16 pages) + 1 bonus. De 101 à 250 : édition d’OXO à 250 exemplaires, impression offset monochrome (32 pages). De 251 à 500 : édition d’OXO à 500 exemplaires, impression offset bichrome (64 pages). De 501 à 1000 : édition d’OXO à 1000 exemplaires, impression offset trichrome (128 pages). De 1001 à 5000 : édition d’OXO à 5000 exemplaires, impression offset quadrichrome (256 pages). De 5001 à 10000 : édition d’OXO à 10000 exemplaires, impression offset pentachrome (512 pages). Plus de 10000 abonnés : tirage aligné sur le nombre d’abonnés, impression offset hexachrome (1024 pages). » 

Quinze ans plus tard OXO existe toujours et force est de constater que sa forme, si elle est toujours conforme aux définitions initiales, a trouvé quelques libertés dictées par des contraintes parfois très restrictives. En effet, la question du contenu rédactionnel de la revue a depuis le départ posé un certain nombre de questions : comment générer ce contenu rédactionnel ? Quel type de contenu ? Un contenu exhaustif ou infini ? Etc. 

Le résultat de ces questionnements est qu’aujourd’hui la revue OXO se développe dans son propre espace, celui de la page imprimée, mais aussi en dehors de son propre espace, c'est-à-dire dans l’espace tridimensionnel et sur la Toile, chaque espace ayant ses qualités propres et ses fonctions spécifiques. À la revue imprimée le caractère officiel, contractuel, ancestral. À l’espace tridimensionnel le caractère commercial et spectaculaire. À l’espace virtuel l’immédiateté et la flexibilité.(...) 

(...) Après avoir travaillé dans un premier temps « à l’ancienne », en attendant l’inspiration soufflée par une hypothétique muse, je me suis souvenu des très efficaces techniques mises en place par l’Ouvroir de littérature potentielle au début des années 60. Il suffisait de croiser ces principes mathématiques avec les technologies actuelles (Google Image, Wikipédia, Anagram Generator) pour voir apparaître par association d’idées de vastes pans de création dont je citerai ici seulement quelques exemples, parmi le demi-millier de contenus éditoriaux publiés depuis quinze ans dans OXO. - Miss Erotica (...), Lubies (...), Filles de Léonard (...), Dépressions (...), Muttum (...), Démarques (...), Icônes transgenres (...), etc.” (...)

 

Expositions personnelles :

2008 /// OXO, Cabinet du livre d’artiste, Rennes/F

2007 /// Tlön Uqbar Orbis Tertius, Galerie Lara Vincy, Paris/F

2007 /// C’est mon choix, My Loft, Bourgoin-Jallieu/F

2004 /// Transmutations, Galerie Lara Vincy, Paris/F

2002 /// Une collection particulière, Ville de Bourgoin-Jallieu/F

2001 /// Reliefs OXO, Salon Ptolémée, Cité des Sciences et de l’Industrie, Paris/F

1998 /// Inventaire, Galerie RE/Pierre Staudenmeyer, Paris/F