EXPOS

PASCAL LE COQ

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GLOBIBULGA

Nouvelles écritures du monde

(du latin “globus”, globe, et “bulga”, sac, bourse) Art mondialisé. Sera peut-être au XXIe siècle ce que le suprématisme fut au XXe [cf. Art maximal, Ballon, Centrifugeuse, GGooggle, Kazimir, Mundial/ER, Wysiwyg].

Pour sa cinquième exposition personnelle à la galerie Lara Vincy, Pascal Le Coq propose un dispositif conçu comme un dictionnaire Larousse – l’ancêtre de Google et de Wikipedia. En vitrine, une couverture sur laquelle est posé un objet représentatif des questions traitées par l’artiste dans son encyclopédie OXO : il s’agit de la désormais icônique “Miss Erotica”, un ballon retourné comme une chaussette et surmonté de sa vessie en érection, archétype du glissement sémantique affiché comme slogan.


Dans la première salle, les murs sont recouverts de semblants de drapeaux qui sont en fait des “Lubies”, assemblages de détails vexillologiques fondés sur les syllabes des toponymes qu’ils représentent (par ex. “LUxembourg+zamBIE=LUBIE”). Non imprimés mais peints, contrairement aux versions précédemment présentées, ces tableaux gagnent en dramaturgie ce qu’ils ont perdu en avancée technologique. Les Lubies, métaphores des flux générés par la mondialisation, sont aussi l’occasion de revisiter l’histoire de la couleur à travers différents systèmes chromatiques actualisés (hachures héraldiques, synthèse soustractive, négatif photo – ce dernier étant l’équivalent rétinien du retournement matériel qui est à l’œuvre dans “Miss Erotica”). Le spectateur pourra, s’il souhaite figurer dans la prochaine version du DDictionnaire OXO, commander son propre Portrait Lubie Contributeur – comme par exemple XAVIER [XAnadu+ségoVIe+archipeldesgambIER] NIEL [Namibie+kIEL].


Dans la deuxième salle figurent des définitions accompagnées de représentations visuelles en deux et trois dimensions. Il suffit de lire les notices accrochées au mur pour mieux comprendre certains objets mystérieux placés à proximité, à l’instar de cette boule noire recouverte de deux bandages, qui se révèle être la version tridimensionnelle du logotype de la société Xerox, leader mondial de la reproduction de documents. Ces notices pouvant être des pages quadrichromiques arrachées au DDictionnaire OXO déjà publié (256 pages) ou des sorties imprimantes noir et blanc issues de la future version (512 pages), qui n’existe pour l’instant que sous forme de fichier informatique sur l’ordinateur de l’artiste, et sur trois clés USB réparties en différents endroits.


Etant donné que toute l’encyclopédie OXO ne peut pas être présentée hic et nunc (4887 entrées figurent dans le DDictionnaire en cours de rédaction à l’heure où ces lignes sont écrites), un objet symbolique dont l’intérieur est tout vert indique que le dictionnaire qui se manifeste dans la galerie est ouvert : ouvert à toutes sortes de développements immédiats et futurs. Depuis l’apparition du Word Wide Wild Web, nouveau reflet du monde, il est désormais possible – mais en réalité impossible – d’en embrasser tous les contenus, comme l’avait prévu le visionnaire Borges. Avec OXO et ses artefacts, Pascal Le Coq en propose une version condensée, déformée et certainement absurde. Mais en comparaison du monde lui-même, l’absurdité n’est pas forcément là où on l’imagine. “Absurde par absurde égale sensé” pourrait devenir le mot d’ordre de qui veut garder un minimum d’équilibre dans le flot incessant.

Post-scriptum. Les œuvres achetées pourront être emportées immédiatement par leur acquéreur. Dans ce cas, elles seront remplacées in situ, pour les tableaux, par un rectangle noir de taille équivalente, et pour les objets, par un objet noir de masse équivalente.