EXPOS

RAZA

Oeuvres Présentation Artistes Presse Télécharger
Un Bindu[1], c’est tout !
 
En 1958, trois ans après sa création, la galerie Lara Vincy accueille la première exposition personnelle de Sayed Haider Raza, fondateur du Progressive Artists' Group- le PAG -, l’artiste partage avec Lara Vincy une liberté d’esprit et une volonté de décloisonner les arts qui les inscrivent d’emblée dans les avant-gardes. Conçu en 1947, quelques mois après la Partition de l’Inde et du Pakistan, le PAG est principalement composé d’artistes de Bombay, qui ont vécu cet évènement comme une impulsion à créer un art nouveau. Engagés à un niveau international, ils synthétisent leur culture d’origine avec la culture européenne et nord américaine de la première moitié du XXème Siècle et se réfléchissent à partir du Post-Impressionnisme, du Cubisme et de l’Expressionisme.
 
Ayant obtenu une bourse de l’état français en 1950, Sayed Haider Raza étudie aux Beaux-Arts de Paris pendant trois ans et obtient en 1956, le prix de la critique. Son travail évolue rapidement vers une épure car si “en 1943, ses paysages ont une approche cubiste, [… quelques années plus tard], les couleurs sont là, les structures sont là, mais elles volent en éclat”[2] et se cristallisentdans un nouveau symbolisme. L’artiste développe alors un syncrétisme entre nature et spiritualité, culture occidentale et philosophie orientale. Si “le Bindu, le Grand point Noir, est bien ce d'où naît la genèse de la création, d'abord la lumière, puis les formes et les couleurs, [… il] est aussi les vibrations, l'énergie, le son, l'espace, le temps”[3]. Bindus et mandalas confèrent à son œuvre picturale, une qualité et une force plastique qui prêtent à la méditation contemplative et transcendantale.
 
Accompagné de cette force et pour sa première exposition inaugurale depuis la disparition de sa mère, Liliane, Youri Vincy propose un retour vers le futur, un saut dans le temps qui ne manquera pas de nous surprendre, car le soir du vernissage, nous découvrirons la galerie telle que sa grand-mère, Lara, l’avait conçue : façade, mobilier et œuvres nous transporteront dans une galerie des années 50 radicalement tournée vers le futur. Une exposition hommage, qui fait de ce retour en arrière, un grand bond en avant !
 
[1] Le bindu est l'expression d'un point de départ, d'une origine, ce germe porte en lui toutes les potentialités, énergie créatrice, il exprime un aboutissement. Il signifie à la fois goutte séminale et graine.
 
[2] Hugo Weihe, directeur international de l’art asiatique chez Christie’s, interview à l’occasion de la vente du 17 septembre 2013, New York.
 
[3] Pierre Gaudibert, ancien directeur du Musée d’art moderne de la Ville de Paris et du Musée des arts d’Afrique et d’Océanie.
 
Francine Flandrin, 2015
 
“Le plus tenace souvenir de mon enfance est la peur et la fascination de la forêt indienne. Nous vivions près de la source de la rivière Narmada, au milieu des forêts les plus denses de Madhaya Predesh. Les nuits étaient hallucinantes où parfois seules les danses des tribus “Gonds” humanisaient l’ambiance. Le jour apportait un sentiment de sécurité et de bien-être. Sous un soleil radieux, le village était une féerie de couleurs les jours de marché. Et puis revenait la nuit.
 
Je trouve même aujourd’hui que ces deux aspects de la vie me tiennent et font partie intégrante de ma peinture. Il y a une multitude de variations, mais le thème existe. C’est un sentiment vécu qui se trouve au départ, bien que les vrais problèmes soient d’ordre, plastique . Ils exaltent le sentiment initial ou le détruisent. L’opération se fait dans l’atelier. Les masses colorées se rencontrent, se forment ou se déforment. Il y a une vie propre à ce mouvement , une vitalité dans les rapports et souvent une futilité. Il s’agit de veiller attentivement à l’expérience et d’y participer. Parfois, on arrive à cette exaltation où tout est lumière. Pour le reste , c’est l’attente, l’angoisse, le perpétuel passage entre la nuit et le jour.”
 
Raza (Texte publié dans “Chefs d’œuvre de l’Art”, Editions Hachette, n°77, 2.9.64)
 
BIOGRAPHIE
Sayed Haider RAZA, né en 1922 à Barbara, Inde.
- École des Beaux-Arts, Nagour
- Sir JJ School of Arts, Bombay
- École nationale des Beaux-Arts, Paris
 
Biographie complète sur demande