EXPOS

PASCAL LE COQ

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Pour sa seconde exposition personnelle à la galerie Lara Vincy, Pascal Le Coq continue de confondre transgenre artistique et transgenre sexuel.

Depuis 1996, Pascal Le Coq développe une multitude de projets artistiques à travers sa revue expérimentale OXO. Au bout d’une décennie, la revue a un contenu tel qu’elle est renommée encyclopédie. Une encyclopaedia fictive qui n’est pas sans rappeler celle que décrit Jorge Luis Borges dans Tlön Uqbar Orbis Tertius : les objets imaginés dans OXO finissent en effet par pénétrer dans le monde réel, sous la forme de “Blow Up” (des agrandissements situés à mi-chemin entre revue et tableau) et de “Transmutations” (des objets d’art pouvant prendre de multiples formes).

Deux Blow Up sont présentés ici : Théorie sur l’origine du monde et Fontana. Le premier, clin d’œil à peine voilé au tableau de Courbet, propose un raccourci entre le big bang originel et la tendance actuelle à représenter le monde sous la forme d’icônes et de pictogrammes.

Le deuxième Blow Up fait disparaître une icône d’un autre genre, la Fontaine de Marcel Duchamp, pour n’en conserver que les orifices qui évoquent inévitablement un Concetto spaziale de Lucio Fontana.

La référence borgésienne prend tous son sens avec les Transmutations. Le plus emblématique de ces objets est un ballon retourné comme une chaussette, dont la vessie en érection symbolise le passage d’un univers à un autre : c’est le passage du monde mental au monde tridimensionnel, mais aussi l’opération qui peut transformer un drag king en transsexuel.

Acte radical et fascinant d’une femme qui ne peut plus enfanter parce qu’elle se transforme en homme qui ne pourra pas engendrer, ce qui choque encore plus que l’inverse.

On retrouve cette confusion des genres avec la série T is for Transgender, des Tableaux en forme de T dont les éléments sexuels (poitrines, ventres, sexes) ont été glanés sur la Toile et assemblés de manière aléatoire. Perte de personnalité ou constitution d’une véritable identité qui n’est plus dictée par la nature mais par une construction mentale ?

Le socle du monde étant de plus en plus instable, Pascal Le Coq poursuit son travail d’encyclopédiste non sans avoir parfois l’impression de tomber dans un gouffre vertigineux. Sa prochaine gageure consiste à publier un opus d’OXO composé de 3584 micro-chemins de fer, soit 57344 pages. Cela devrait représenter quarante ans de travail. Comment accélérer le processus ? Des toiles perforées reproduisant les orifices présents sur des objets du quotidien rappellent la théorie des trous noirs, ces failles qui permettent d’emprunter des raccourcis spatio-temporels.

En attendant, Blow Up et Transmutations vont continuer de se développer dans une suite d’œuvres de plus en plus envahissantes. Hors, ces dernières trouveront leur origine dans une Matrice de plus en plus dense, une encyclopédie queer quasi atomique. On saura alors, selon les mots de Borges actualisés par Pascal Le Coq, que “derrière le masque impassible de l’infini, il y a tout un tas de mondes qui s’agitent”.



Participera à l’exposition “Livres et publications d'artistes”, coll. Centre des livres d’artistes – saint-yrieix du 20 janvier au 18 mars 2007 au Musée Royal de Mariemont, Belgique.